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L’incendie criminel de son siège administratif, l’agression mystérieuse d’un cadre d’une collectivité territoriale, deux autres enquêtes préliminaires pour des malversations financières et des faits présumés de harcèlement moral. A Saint-Benoît, dans l’est de La Réunion, la société publique locale (SPL) Estival, dédiée aux transports urbains et scolaires, cristallise depuis plusieurs mois tous les ingrédients d’un scandale politico-financier local.
Un rapport de la chambre régionale des comptes Réunion-Mayotte, dévoilé par le média en ligne réunionnais Le Tangue, ajoute une nouvelle pièce à ce dossier déjà épais. Il décrit des pratiques clientélistes, entretenues par des embauches et des primes injustifiées, des dépenses douteuses, des entorses aux règles de la commande publique. Selon une source judiciaire, « des interrogations évidentes émergent sur l’existence d’un système de corruption ». L’affaire pose également en creux la question de l’alerte tardive et du contrôle qu’auraient dû exercer les élus de la communauté intercommunale Réunion Est (Cirest), actionnaire à 95 % de cette entreprise publique.
L’incendie volontaire du siège administratif de la SPL Estival, en juillet 2023, non élucidé, n’a finalement pas permis de faire disparaître des documents informatiques, récupérés par les magistrats de la chambre régionale des comptes pour analyser les raisons des 3,2 millions d’euros de pertes de la société. En août 2023, celle-ci a été placée en redressement judiciaire. Son PDG, recruté sans compétences spécifiques dans le domaine des transports, avait été révoqué deux mois auparavant en raison, insiste le rapport de la chambre régionale des comptes, « des manquements observés en matière de transparence, de gestion et de loyauté ».
Les charges de cette société ont augmenté bien plus vite que les recettes, avec des dépenses ordonnées par le PDG en dehors « du cadre de la commande publique et sans en informer le service comptable », déplore encore le rapport. A cela s’ajoutent « des mauvais choix de gestion ». Les magistrats financiers épinglent le dirigeant pour avoir, pendant deux ans et demi, payé un loyer (113 412 euros) et des frais de gardiennage (plus de 20 000 euros) pour un nouveau siège social resté inoccupé.
Autre grief, « la forte progression concomitante des dépenses de carburants, de locations immobilières, de locations de véhicules, de prestations de sécurité ou informatiques, réalisées parfois sans respecter les règles de la commande publique ». Le contrôle de la chambre régionale des comptes dit, en outre, avoir débusqué « des prestations douteuses réglées directement par le PDG », et, plus particulièrement, deux factures de conseil en communication publique pour plus de 57 000 euros. « Le gérant des deux sociétés concernées a reconnu qu’il s’agissait de factures de complaisance établies à la demande du PDG de la SPL pour couvrir des frais de bouche », établit le rapport.
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